La Grande C(l)asse

En s'entêtant, on parvient souvent à ses fins. Cela pourrait être la devise de Nathalie, qui souhaite conjurer le mauvais sort et met à profit une dispo commune en cette fin de semaine pour croiter proprement la Grande Casse. Avant la montée en refuge, Blitzkrieg dans un de ses projets Grenoblois, mise des paires et des tickets par votre serviteur, et la voilà qui coche son premier 6c en falaise. Bravo !

La suite ? Montée au refuge Félix Faure (encore), super soirée et course avec Xavier Carrard et son client Bertrand, deux Suisses hyper sympas qui ont contribué à rendre ces journées vraiment c(l)asse !

Au final des conditions parfaites dans les Grands Couloirs, un regel irreprochable, mais du vent et du froid sous le sommet, vraiment ! Difficile à croire quand on cuit à plus de 30°C dans les vallées en ce moment. Bravo à nos clients Nathalie et à Bertrand qui ont plié cette superbe course de neige en 5h30 refuge-refuge. Pas mal du tout pour des gens dont les responsabilités professionnelles ne leur dégagent pas forcément autant de temps libre à consacrer à l'entraînement !

Au sommet de la Vanoise, une ambiance exceptionnelle
Montée paisible au refuge, 2h15 d'une marche très agréable
Les voies de la face Nord de l'Aiguille de la Vanoise, en excellentes conditions
Vue de l'objectif depuis le lac des Vaches
Rencontre émouvante et fortuite au refuge avec Monsieur Claude Albrand, 72 ans, toutes ses dents, et deux clients: en sacrée forme !
Très vite, le jour se lève, après un départ à 5h. Mais par où cela va-t-il donc bien passer ?
La Réchasse et les glaciers de la Vanoise s'illuminent rapidement
Le grand beau a tout serré: excellent regel
Ambiance féérique !
Le dôme de Chasseforêt depuis le glacier des Grands Couloirs
Xavier, grand guide Suisse, et Bertrand, son client aussi sympa que célèbre dans le microcosme médical Genevois...
L'onglée aux pieds n'enlève pas le sourire !
La corniche sommitale, encore 5 minutes
Le royaume de la haute Maurienne...
La Pointe Matthews, on en mangerait !
Vent glacial, température ressentie bien dessous zéro malgré la canicule en vallée: onglée pour tout le monde !
Xavier et Bertrand en terminent à leur tour, superbe mini-collective !
Une de plus en moins !
Il reste du chemin jusqu'à Pralo !

Météo sournoise en Vanoise...

Deux jours moyens puis du grand beau. Bon, on va s'en sortir, ce n'est pas pire. Ca, c'était avant. Pas toujours facile de se rendre compte, à moins d'être guide soi-même, des noeuds au cerveau que peut occasionner cette belle profession... Cette semaine, la chance qui était blottie dans mon sac à dos tout l'hiver a décidé de se barrer pour faire un peu de place à un chat noir...

La grande semaine d'alpi classique en Vanoise, prévue de longue date avec ma cliente Nathalie, très en forme et bien polyvalente, nous aura finalement donné l'occasion d'une réorganisation quotidienne.

Pour commencer, une drache mémorable en redescendant du Gerbier aura eu raison de nos fringues aussi techniques soient-elles. Une douche ? Non, un bain plutôt ! Plonger habillé dans une piscine ne nous aurait pas trempés davantage. Sans exagérer hein ! Parmi les victimes de cette journée humidissime, ma montre, portée disparue, et mon téléphone portable, mort noyé par négligence, oublié dans la poche de mon fut' pendant la descente... 

La suite du menu ? Un peu de couenne technique pour varier les plaisirs et éviter les désagréments des fréquentes averses, puis de la haute montagne avec divers objectifs qui ne seront pas tous tenus, la faute à une météo des plus instables. Voici quelques clichés de la traversée de l'Aiguille de la Vanoise, parmi les plus belles des Alpes dans ce niveau de difficulté et c'est tout à fait mérité. Un peu de sens de l'itinéraire dans la première partie, une arête très effilée et aérienne dans la seconde, avant une descente technique et alpine pour couronner le tout. Une petite course classique et complète qui mérite une visite, assurément.

La fin de stage à la Grande Casse ? Crash météo complet, tempête de vent, et visibilité 10m au refuge, que ce soit à 4h du matin ou à 8h. Cassos donc, direction la falaise pour tirer sur les boudins. Mais on reviendra se venger !

Ciel, de l'alpinisme à l'ancienne, sur fond de grands couloirs...
Sa majestée la Grande Casse, sortie de la grande crasse... mais les stratus se pointent déjà. Aucune journée de grand beau véritable sur l'ensemble des 5 jours prévus...
Nathalie à l'attaque, la ligne de fuite est déjà sympa
Ne zappez pas, le caillou est bien meilleur qu'il en a l'air
On a rejoint l'arête après les premières cheminées, c'est parti pour une évolution entre ciel et terre
Habile le bestiau ! Et pas farouche...
Petite cheminée un peu cul: après le stage Guérillot aux 2 Soeurs, c'est finger in ze nose !
Au loin, l'accueillant refuge du col de la Vanoise, merci à son gardien hyper sympa !
On repasse versant Nord, les fesses quelques centaines de mètres au dessus du chemin d'accès au refuge sur la moraine
Deuxième partie, le rocher devient aussi irreprochable que l'aiguille fine et aiguisée !
Grande et Petite Glière, Epena, de belles montagnes
Sommet ouest, les difficultés ne sont pas encore terminées, la descente, si l'on ne tire aucun rappel nécessite d'être un poil concentré
Le lendemain, c'est un bon gros but, merci Météo Crash !

On se fait une mousse avec le Guérillous ?

C'est devenu assez rare, mais je me fends cette fois d'un billet consacré à ma pratique perso. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé deux journées pleines avec la légende Chartrousino-tarentaisesque Yannick "Guérillous" Guérillot. Le plus célèbre calvitiant de Courchevel est réputé pour ses bras comme mes cuisses et ses cuisses comme mon orgueil. Bref, un athlète. 

Des journées en couenne autour de Grenoble avec le bougre, en quinze ans, il y en a eu un petit paquet, un stage maison sur le poudingue de Mont Dauph' il y a cinq ou sept ans aussi, mais une grande voie marquante, jamais. 

Un oubli que nous avons pris le temps de combler. Peu en forme pour de la couenne aux portes du huitième degré selon ses dires, le Guérillous me propose à la place une "balade" en Vercors, dans une grande cheminée visible de loin et de partout mais pourtant (pratiquement) jamais visitée... Une "rando verticale" selon maître Yannick pour poser quelques coinceurs et échanger diverses conneries au cours d'une journée tranquille de plein air. 

Evidemment, l'itinéraire choisi par l'un des auteurs de la nouvelle bible de l'escalade en Chartreuse est loin d'être un classique: un truc pour ainsi dire jamais repris depuis presque 40 ans, vétuste, et pour lequel nous ne disposons d'aucune info. Au final, un itinéraire très sérieux, bien plus que ce que nous avions prévu, et n'ayons pas peur de le dire, dangereux. Face à mon envie de me barrer de ce piège, le mental et la motivation Guérillesques nous embarquent définitivement dans les entrailles de la bête. Point de non retour.

La suite ? Une journée usante psychologiquement et physiquement. 280m de caillou pourri (ah, on me signale dans l'oreillette que les 15 derniers mètres sont potables, je le concède), 3 pitons (dont 2 moisis) en tout et pour tout, de l'eau qui coule sur les parois, de la mousse partout, une fissure vorace ininterrompue recouverte d'un tapis vert fluo s'arrachant quand on renfougne, un leader forcément engagé, un second constamment exposé aux chutes de blocs, deux grimpeurs mouillés par cette fente dégoulinante ou la chute est quasi interdite devant comme derrière.

Bref, on a fini la journée tard autour d'une bonne pizz' salvatrice, le dos roué de griffures, les bras rapés, les genous frottés, les pantalons troués, les t-shirts à jeter, les chaussons à brûler, les sacs à dos défoncés et alourdis de boue séchée. Ceux qui connaissent Yannick et ses goûts vestimentaires ne verront là rien de choquant, et trouveront même un début d'explication à la composition de sa garde-robe de grimpeur ! 

Le lendemain ? De la couenne plaisir sous les averses, sur du caillou moyen mais blindé de gougeons de 12 rutilants: repos du cerveau mais les muscles et les articulations crient encore misère suite au mauvais traitement infligé la veille. Encore un souvenir qu'on n'oubliera pas de si tôt, et dont nos carcasses meurtries garderont les stigmates une dizaine de jours...

Merci encore Yannick pour ces journées dont tu as le secret, et à bientôt !

Une ligne d'une grande pureté
Le L fait encore le malin: ça ne va pas durer :)
Ca a l'air crade hein ? Rassurez-vous, en vrai c'est pire !
Au loin, la chaleur d'un beau mois de juin. Ici ? L'enfer moite d'une cheminée gluante
Contre jour abo: le thème du jour pour nos yeux, le soir, on voyait tout trouble
Un style de grimpe que Tita Piaz ou Angelo Dibona auraient eux-même trouvé "old school", c'est dire...
Oui, c'est vert, et c'est sale. Mais ça a du caractère...
Escalade ? Canyon ? Bien malin qui pourrait le dire...
Le Guérillous, comme un poisson dans l'eau !
Oui je grimpe avec mes coudes...
Une ligne d'enfer !
Oui, c'est bien un ancien proto d'il y a 10 piges ! La "Yannick touch", le bougre soigne sa légende !

Kickoff de la saison d'alpi au Pilliozan

C'est parti, après un mois de mai des plus variés et des plus chargés (escalade, canyon, UIAGM, travail syndical, jury d'examen DEJEPS...), back to basics: on remet les crampons pour le lancement de la saison estivale d'alpi !

Un début en douceur avec une sortie initiation en course de neige avec le GUCEM et ses étudiants à la motivation légendaire !

En préparation du stage dans le Valais que je co-encadrerai avec Maître Sylvain "Momo" Maurin début juillet, révision et apprentissage de quelques fondamentaux neige: cramponnage 10 pointes, mixte, frontal, assurage en mouvement, relais en neige, arrêt d'une chute, ateliers variés sur ces thèmes, et même un zeste de carto ! Ouf ! Vivement la suite, dans 10j à peine, en Vanoise si la météo le permet...

Après une approche bucolique, attaque des pentes de neige dans ce coin de Belledonne qui recèle longtemps ce matériau magique
Fondamentaux du cramponnage sur du plat...
puis ça se raidit progressivement dans le petit couloir Nord jusqu'à un joli 40°
Contre plongée artificielle...
L'ombre de la face Nord ne dure pas, et le soleil se repointe bien vite en ces tous derniers jours de mai...
L'herbe est là en versant Sud ! On est en Belledonne, pas dans l'Oberland hein !
Plongée nostalgique dans les brumes des couloirs Est, presque 15 ans déjà que l'on venait skier ces belles petites couennes !
Panorama grandiose avec l'Etendard et les Grandes Rousses en toile de fond
Exercices d'application d'assurage en neige... et c'est l'heure de rentrer mater Roland Garros !